Deux mois plus tard

Nous étions donc arrivé à Brownsburg-Chatam. Nous devions y rester un mois mais les circonstances ont fait que nous y sommes resté plus longtemps. Vous avez lu nos aventures pendant le confinement à Boldairpur mais il s’est encore passé des choses depuis.

Nous avons continué à travailler dans l’érablière et la production de sirop d’érable jusqu’au 26 avril. C’était la dernière journée de bouillage. Nous faisions bouillir l’eau d’érable recueillie pour obtenir du sirop. Il faut savoir qu’il faut environ quarante litres d’eau pour faire un litre de sirop. Et ce jour-là nous avons atteint un record pour Boldairpur de quatre livres à l’entaille. Ce qui veut dire que chaque arbre à produit assez d’eau pour produire quatre livres de sirop. C’est une moyenne évidemment. Au total nous avons produit 9700 litres de sirop ce qui est quand même pas mal. Les installations de Boldairpur ont vingt ans pour certaines donc c’est un beau record au vu de l’installation et du fait que l’érablière n’est pas spécialement grande. Nous avons été félicités pour notre travail et pour fêter ça nous avons bu un Mistel d’érable, une liqueur à l’érable. Les semaines suivantes nous avons commencé à faire d’autres choses que travailler dans la forêt et la cuisine. Nous avons ainsi travaillé au jardin, à la tonte du gazon, au rucher avec les abeilles, au rangement des choses qui ne servent que pour l’hiver et au barrage de castor. En effet, nous avions constaté que l’eau montait dangereusement et menaçait une des routes du domaine. Pendant trois jours nous sommes donc allés avec Lilou, la chienne, déranger le castor afin de défaire le barrage pour baisser le niveau d’eau. Après trois jours, il avait déménagé et le niveau d’eau était bien redescendu. Les constructions des castors sont impressionnantes et nous avons pu observer l’animal de près. Il a aussi fallu commencer le nettoyage des installation de l’érablière pour clôturer la saison. Et nous avons aussi fait du désentaillage d’arbre.Nous nous occupions toujours des poules et nous avions commencé à mettre des oeufs en couveuse pour pouvoir avoir des poussins. Nos journées étaient donc toujours bien remplies mais nous avions des horaires plus normaux et des week-ends complets.

Pour nous occuper, nous allions souvent marcher, seul ou avec Lilou. Celle-ci quand elle n’était pas occupée avait tendance à fuguer. Nous avons aussi pu participer aux cours de yoga et à des réunions pour le développement d’une serre sur le domaine. Lucie a un peu repris des entraînements de danse et Thomas travaillait des textes pour se remettre à la déclamation. Le puzzle étant fini, nous avons commencé des mandalas et Lucie de la peinture à numéros. Nous avons aussi pu regarder un film indien, du pur cinéma bollywoodien. Il y a aussi eu des anniversaires au début du mois de mai et nous avons donc eu l’occasion de chanter « bonne fête » et de manger un bon gâteau. En fin de semaine, vu que nous nous faisions des repas nous profitions de la machine à faire des frites pour couper des patates et nous faire des frites fraiches. Le beau temps revenant peu à peu, nous avons fait un peu de vélo et du kayak sur le lac. La météo a été assez variable lors de nos dernières semaines. Nous avons encore eu de belles chutes de neige le 7 mai, et la veille nous avions du soleil! Lorsqu’il faisait beau, nous dînions dehors. Mais le beau temps signifie aussi le retour des insectes ce qui est de suite moins chouette. Ici ils sont vraiment nombreux et agaçants. Donc parfois en journée il fallait porter un filet pour éviter de se faire agressé par les petites bêtes. Le soir, nous fermions le poulailler et nous pouvions observer de magnifiques ciels sans aucune pollution lumineuse.

Malheureusement nous avons dû quitter notre petit coin de tranquillité un peu plus tôt que prévu. Nous espérions rester juqu’en juin et puis reprendre notre voyage d’une façon ou d’une autre. Mais il y a un peu plus de deux semaines, Lucie a commencé à avoir mal à la main. Au début, nous pensions que c’était de l’eczéma et Lucie le traitait comme d’habitude. Mais ça a commencé à empirer et à se développer. Nous avons donc essayé plein de produits différents afin de soulager Lucie et sa main droite. Le 11 mai, Lucie avait tellement mal qui lui était impossible de travailler. Il a alors été décidé de la mettre au repos. Malgré tous les efforts et tout les soins prodigués, l’état de Lucie ne s’améliorait pas. Il semblait de plus en plus certain qu’il allait falloir consulter. Le samedi 16 mai, nous avons eu un entretien avec les responsables de Boldairpur pour voir ce que nous pouvions faire. En effet, le soucis c’est qu’en sortant du domaine, il allait falloir se mettre en quarantaine pendant deux semaines et nous ne pourrions donc pas travailler. Le système de santé étant assez différent qu’en Europe, une consultation en urgence allait nous coûter cher et il n’était pas certain que nous pourrions être remboursé par la suite. La solution qui nous a alors été proposé était de regarder pour rentrer en Belgique et soigner Lucie sur place. Notre voyage serait alors terminé car au vu de la situation, revenir cet été semblait extrêmement compliqué. Nous avions jusqu’au lendemain pour trouver une solution ou un vol de retour. Nous avons contacté nos familles et surtout les gens que nous connaissions ici au Canada. Ken, notre sauveur lors de notre périple, celui qui nous a accueilli début mars, nous a alors proposé de venir nous chercher le soir même car il n’était pas loin. Il allait ensuite contacter sa clinique privée pour que Lucie puisse voir un médecin. Nous en avons discuté avec les responsables et cette solution semblait la meilleure. Nous avons donc fait rapidement nos sacs et nous avons pu dire au revoir à tout le monde. Il est certain que ce n’était pas le départ que nous avions imaginé mais les circonstances faisaient qu’il fallait partir. Avec une certaine émotion nous avons donc quitté les lieux. Lucie a pu voir un médecin lundi et il s’est avéré qu’il s’agissait très certainement d’un contact avec de l’herbe à puces, une plante d’ici, qui aurait provoqué une réqction cutanée et celle-ci s’était fortement infectée. Elle va maintenant beaucoup mieux.

Nous sommes donc à nouveau chez Ken et nous attendons que Lucie se rétablisse. Nous réfléchissions pour la suite de notre voyage. Nous aimerions toujours partir vers l’ouest mais si ça ne peut pas se faire nous ferons un tour du Québec cet été. Nous avons passé de supers moments à Brownsburg-Chatam, le lieu et les gens nous manquent déjà. Nous sommes reconnaissants de tout le temps passé là-bas, nous aurions aimé faire encore plein de choses. Le confinement était vraiment plaisant sur place et nous nous sentions pleinement en sécurité. Nous avons pu découvrir de nouvelles choses et se développer personnellement. Nous nous sommes sentis bien, comme dans une grande famille et ce fut vraiment triste de partir aussi précipitamment.

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